Patrimoine culturel immatériel béninois en couleurs sous les projecteurs ! Un cri de satisfaction au contact du spectacle Dohoué, la nouvelle création de l’Ensemble artistique national, présentée au palais des Congrès de Cotonou, vendredi 21 octobre. Impressionnant.
Au levé du rideau, le décor captive. De la photographie sur toile épaisse et imperméabilisée qui renvoie à un travail professionnel graphique numérisé. Elle est immense et retient l’attention immédiatement. Une vaste toile qui plonge dans deux types d’habitat pittoresque superposé. Sur la moitié du bas, des cases du fétiche Dan avec des cours, rues et de la végétation. En somme, un assemblage intelligent de constructions traditionnelles du sud Bénin. Dans la seconde moitié en hauteur, des constructions architecturales dénommées Tata-Somba, habitation identitaire des populations de l’Atacora dans le nord du Bénin garnie de la flore de la région.
Le décor met en valeur la richesse patrimoniale culturelle et naturelle du Bénin. Il permet déjà de deviner que ce qui s’annonce sera beau, grandiose et épatant. Et cela ne tarda pas.
Au cœur du jeu, une jarre de fabrication artisanale. Un récipient traditionnel qui sert à aller chercher de l’eau à la source pour usage domestique. Mais des jeunes, émancipés à l’Occidentale, décident de mettre fin à la tradition. Un duel sans merci, rude et terrifiant s’engage.
Modernité et tradition se cognent. Les danses patrimoniales croisent la fougue des danses urbaines. Respiration, contraction et détente du corps, tout s’imbrique au son du crépitement endiablé des tambours. Les techniques de danse sont bien scénarisées avec des gestes provocateurs, des paroles incantatoires, des mouvements de protestations, de violents jets de sort, la conversion des libertins, le pardon couronné par l’attachement de tous aux valeurs ancestrales.
Chaque danse introduite dans la création a ses exigences en termes de chorégraphie, d’accoutrement, de mouvements athlétiques. ‘’Tonoukon’’ de la communauté Sètô d’Ahouansori Towéta de Cotonou, ‘’Assassa’’ des Lokpa de Ouaké, ‘’Ogou’’ des chasseurs des Collines, ''Kun-Ya'' des jeunes femmes dans l’Atacora, ‘’Gblo’’ de la commune d’Agbagnizoun, ‘’Bata’’ du Plateau, ‘’Haraka’’ de la communauté peulh de l’Alibori, ‘’Ashikpé’’ du Couffo...
C’est un travail artistiquement élaboré par le maître chorégraphe Alladé Koffi Adolphe, assisté de Richard Adossou avec Razack Alao à la régie son et lumière, sous la coordination générale de Marcel Zounon, directeur de l’Ensemble artistique national.
Le ministre en charge de la culture Jean-Michel Abimbola et son collègue des affaires étrangère, Aurélien Agbénonci n’ont pas eu envie de se faire conter le spectacle. Certains diplomates accrédités au Bénin de même. Mais aussi des têtes couronnées comme Daagbo Hounon, des députés à l’Assemblée nationale, des enseignants, artistes, journalistes, enfants, jeunes et adultes, presque toutes composantes sociales de la Nation. Les danseuses et danseurs ont assuré et très bien même.
Le Bénin est riche de plus de deux cents rythmes et danses que le Ballet national essaie de promouvoir avec enthousiasme et professionnalisme.
Fortuné SOSSA