Selon le rapport semestriel Africa’s Pulse publié par la Banque mondiale le 9 octobre, l’Afrique sombre dangereusement dans la pire forme de pauvreté pour la décennie qui s’annonce. La situation est alarmante et la Banque mondiale alerte.
« En 2015, quatre Africains sur dix, soit plus de 416 millions d’individus, survivaient avec moins de 1,90 dollar par jour. » C’est ce qui ressort du dernier rapport semestriel de la Banque mondiale sur l’économie subsaharienne. Cette situation va davantage empirer dans les dix prochaines années de façon à creuser un grand fossé entre l’Afrique et le reste du monde.
En effet, note le rapport, « la croissance en Afrique subsaharienne ne parvient pas à décoller en 2019, freinée par les incertitudes persistantes de l’économie mondiale et des réformes intérieures qui marquent le pas ». De 2018 à l’année en cours, la croissance globale du continent a connu une hausse inférieure à 0,2%. Ce qui est une contre performance essentiellement due au manque d’initiatives des Etats pour réduire la pauvreté et l’absence de politique avérée pour promouvoir l’autonomisation des femmes.
En effet, souligne Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale, « l’inclusion des femmes est un élément clé pour stimuler la croissance ». A l’en croire, « les décideurs africains sont confrontés à un choix crucial : poursuivre les politiques actuelles ou prendre des mesures volontaristes pour favoriser une économie plus inclusive ».
Du coup, relève le rapport, l’Afrique au sud du Sahara est la seule région du monde où le nombre de femmes qui entreprennent dépasse celui des hommes. Les femmes jouent un rôle majeur dans l’agriculture mais « les écarts de salaire importants et persistants entre les sexes étouffent cette singularité ». Le rapport se fait alors plus précis : « En Afrique subsaharienne, les agricultrices produisent33% de moins par hectare que les agriculteurs et les entrepreneures ou cheffes d’entreprise gagnent 34% de moins que leurs homologues masculins. »
C’est pourquoi, le rapport identifie six leviers politiques pour assurer l’autonomisation économique des femmes. Il s’agit de « renforcer leurs compétences au-delà des formations traditionnelles », « lever les contraintes financières par des solutions novatrices qui résolvent la question du nantissement et améliorent l’accès au secteur financier », « les aider à faire valoir leurs droits fonciers », « les rapprocher du monde du travail », « s’attaquer aux normes sociales qui entravent leurs perspectives professionnelles » et « préparer une nouvelle génération solide en aidant les adolescents à franchir sans heurts cette étape de leur vie ».
De façon globale, le rapport Africa’s Pulse recommande : « La lutte contre la pauvreté doit donner aux pauvres les moyens d’agir et s’attacher à accélérer la transition démographique et la baisse des taux de fécondité, à mieux tirer parti du système alimentaire en favorisant l’agriculture et en développant les activités rurales non agricoles, à s’atteler aux facteur de risque et de conflit et, enfin, à augmenter et optimiser l’allocation de fonds publics pour améliorer le quotidien des plus vulnérables. »
Parce que conclure Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale en Afrique : « La faiblesse de la croissance dans les pays d’Afrique est clairement corrélée à la faiblesse de gouvernance et, les responsables publics et les citoyens doivent placer la transparence et l’efficacité des institutions au cœur de leurs priorités. »
Fortuné SOSSA